La Garçonne

Gilbert Bordes

1947. Une jeune Canadienne au visage dissimulé sous un voile, qui a fait fortune dans les mines de fer du Nouveau Monde, s'installe à Saint-Roch, en Sologne. Là, dix ans plus tôt, Louison Marchal, orpheline de vingt ans, sauvée de l'enfer de Verdun en 1917, est une fille du vent, une insatiable chasseuse. Mais sa façon de s'habiller en homme et de braconner la nuit dans les bois sur les terres du comte de Cressey en font une étrangère. On l'appelle « la Garçonne », « la Diablesse ». On la considère peu ou prou comme une sorcière. A l'exception de Charles, le médecin, son tuteur, de Servais, un riche et jeune quincaillier discrètement amoureux d'elle, et de Baptiste, qui danse avec elle le dimanche, Louison est rejetée. Seule dans la forêt, elle est une proie pour les prédateurs humains. Une nuit, elle est violée par un individu cagoulé et se découvre bientôt enceinte... Lire la suite

312 pages | Couverture brochée en couleurs | Format: 140x225

EXTRAIT
Les pigeonneaux furent vite nombreux, entre les herbes sèches, à se goinfrer de glands, oubliant toute méfiance. Les lacets se refermaient sur les pattes, emprisonnaient les cous mais les oiseaux libres ne s'en apercevaient pas, trop occupés à se nourrir après une longue journée de vol qui les avait conduits des vallées pyrénéennes à ce coin reculé de Sologne. Les glands formaient un tapis et il n'était pas nécessaire de se déplacer pour en avaler de pleins jabots. Pendant quelques instants, Louison s'amusa du spectacle, puis elle se dressa vivement, affolant les ramiers qui s'envolèrent dans un bruit de claquements d'ailes. Elle courut vers ceux que les lacets retenaient prisonniers et qui tentaient désespérément de s'échapper. D'ordinaire, c'était Minot, sa chienne, qui bondissait ainsi pour semer la panique, mais Louison avait dû enfermer l'animal blessé aux coussinets de ses pattes avant. Elle s'empara du premier oiseau, lui brisa le cou entre ses doigts. Le corps chaud s'immobilisa dans un tremblement sensible sous l'épaisseur chaude des plumes. C'était une curieuse sensation, cette vie qui quittait le petit corps.

Chapeau

A la fois par désir de vengeance et en quête de ses origines, Louison revient sur les terres de son enfance.

Extrait

Les pigeonneaux furent vite nombreux, entre les herbes sèches, à se goinfrer de glands, oubliant toute méfiance. Les lacets se refermaient sur les pattes, emprisonnaient les cous mais les oiseaux libres ne s'en apercevaient pas, trop occupés à se nourrir après une longue journée de vol qui les avait conduits des vallées pyrénéennes à ce coin reculé de Sologne. Les glands formaient un tapis et il n'était pas nécessaire de se déplacer pour en avaler de pleins jabots. Pendant quelques instants, Louison s'amusa du spectacle, puis elle se dressa vivement, affolant les ramiers qui s'envolèrent dans un bruit de claquements d'ailes. Elle courut vers ceux que les lacets retenaient prisonniers et qui tentaient désespérément de s'échapper. D'ordinaire, c'était Minot, sa chienne, qui bondissait ainsi pour semer la panique, mais Louison avait dû enfermer l'animal blessé aux coussinets de ses pattes avant. Elle s'empara du premier oiseau, lui brisa le cou entre ses doigts. Le corps chaud s'immobilisa dans un tremblement sensible sous l'épaisseur chaude des plumes. C'était une curieuse sensation, cette vie qui quittait le petit corps.

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