Le Chemin de la Roncerai

Didier Cornaille

Cœur solitaire

Au cœur du Morvan, la petite ferme de la famille Sarmeret a été bien malmenée par les soubresauts de l’Histoire. Joseph, le fils, assiste aux profonds changements qui affectent son pays ; les campagnes, pendant l’après-guerre, subissent une mutation spectaculaire, une mécanisation aussi impressionnante qu’inquiétante. Les régions de « grande culture », telles la Beauce, la Champagne ou les plaines du Nord, aidées par le plan Marshall, se sont équipées et ont pris le train de la modernité en marche. D’autres contrées moins favorisées, comme le Morvan, ont en partie périclité. Joseph Sarmeret, pour autant, ne suit pas l’exemple des jeunes du pays qui cèdent à la tentation de la ville. Il est attaché à ses racines, préfère la solitude et la nature à la compagnie de ses contemporains ; il partage son temps entre les travaux de la ferme de ses parents et des tâches de bûcheronnage. Peu à peu, il apparaît à Joseph qu’il restera seul. Quelle jeune fille pourrait s’intéresser à un homme comme lui ? Il semble condamné à la solitude. Jusqu’à l’arrivée de Julienne… Lire la suite

384 pages | Couverture brochée en couleurs | Format: 140x228x27

EXTRAIT La modeste ferme Sarmeret s’élevait sur un talus que la route longeait sur un bord, l’autre dominant le carrefour d’où s’élançait l’allée empierrée qui montait d’un seul jet jusqu’à la ferme de la Roncerai. (…) Ce fut là le premier terrain de jeu du petit Joseph Sarmeret, son banc de sable rustique à lui. Longtemps, sur des routes tracées d’un bout de bois dans la poussière, il s’y inventa mille histoires plus aventureuses les unes que les autres. Puis il se redressa et son regard appris à lire, dans les lointains, les joies et les peines de son pays, pendant qu’à ses pieds les allées et venues de ceux de la Roncerai lui écrivaient, page après page, la triste chronique d’un déclin. Il aurait tant voulu connaître le temps où, depuis la grande et si belle maison, là-haut, au sommet de la côte, s’étendait sur tout le pays l’influence de « not’ bon maître ». Son père lui en avait tant dit. Il aurait tant voulu pouvoir lever effrontément son regard d’enfant vers celui dont il ne doutait pas un instant qu’il aurait, en retour, abaissé sur lui la lumière douce de sa compréhension et de sa protection.

Haut de page